« PETALES DE SANG » de Ngugi Wa Thiong'
L’histoire s’ouvre sur le décès de 3 riches businessman les plus influents de la région. La police arrête alors 3 suspects dont le statut social est aussi loin que l'on puisse imaginer de celui des victimes: Un instituteur très croyant, un syndicaliste qui s'est opposé aux propriétaires de la brasserie, et qui a le soutien de tous les ouvriers. En parallèle, une 4eme personne est rescapée de l'incendie, une coquette, prostituée propriétaire de l'établissement où s'est déclaré l'incendie. Victime ou coupable? On ne le sait pas.
L'enquête se fond alors dans le récit de ces nouveaux habitants d'Ilmorog, de leur lutte contre la sécheresse et l'oubli. Tandis que la pluie se fait désespérément attendre, que les récoltes se perdent et que la famine se répand, les vies de Munira, Abdulla, Wanja et Karega sont elles aussi en suspens.
Qu'ont donc en commun ces 4 personnages que rien à priori ne rapproche: Munira l'instituteur, Karega le syndicaliste, Abdulla le marchand infirme et Wanja la serveuse? Et surtout comment se sont-ils retrouvés tous, suspects du meurtre de personnes à mille lieux de leur univers à chacun?
Il faudra rentrer dans leur tête à tous successivement pour comprendre leur rencontre 12 ans plus tôt, leurs liens d'amitié et d'inimitié, leurs combats communs et séparés. Combats étroitement liés à l'histoire même du Kenya Colonial et des luttes d'indépendance. Combats liés aux désillusions post-indépendance et aux déchirures du monde rural.
Ce livre est politique. Ngugi Wa Thiong'O, l'auteur, est très critique sur ce monde post-indépendance. Moins de 16 ans après les indépendances il est déjà désabusé par les nouvelles instances et est clairement du côté des communistes. Il montre à quel point seule une poignée de Kenyans et la masse des pays occidentaux en profitent.
Le style de rédaction très recherché et très particulier, aux digressions et aux histoires dans l'histoire (imaginez « Inception » en double, triple...).
Alors je vous laisse vous appropriez ce bouquin.
D.T.