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Après la publication aux éditions Lupeppo du livre "Je suis Kolofata! Je suis le Cameroun! &quo


Emile Arsele Nguetcheu : Stéphane et Lucy, vous êtes deux jeunes auteurs camerounais, pouvez-vous tour à tour vous présenter ? Stéphane de Mégahshi: Diplômé en Communication, Stéphane de Mégahshi est aussi Poète, Dramaturge et Essayiste camerounais. J’ai publié mon tout premier livre en 2012 aux Editions Harmattan. Je suis Kolofata ! Je suis le Cameroun ! est mon cinquième ouvrage paru au début de cette année 2016. Nominé aux GPAL 2013(Grand Prix des Associations Littéraires) dans la catégorie des Belles Lettres, pour ma pièce de théâtre intitulée L’héritage des siècles, je continu toujours à peaufiner la verve de mon écriture. Actuellement, j’ai en chantier un Essai et un Recueil de poèmes, grâce à Dieu, je pense les publier d’ici 2017.

Lucy: Je suis un jeune poète et nouvelliste camerounais, originaire des régions du Centre et du Littoral. Je suis titulaire d'un diplôme d'ingénieur des travaux du génie rural. Je suis par ailleurs auteur de 2 recueils de poèmes : "Les fils du vent", paru aux Éditions Harmattan et "Ethiquitude" publié aux Éditions Edilivre. J'aime la lecture (évidemment) et le cinéma. Je suis un chrétien engagé. Emile Arsele Nguetcheu : Comment s’est fait votre rencontre et d’où part l’idée de ce livre collectif que vous venez de commettre aux Editions Lupeppo sur le titre « Je suis Kolofata ! Je suis le Cameroun ! Notre rencontre remonte à 2013 lors d'un évènement lié à la littérature, plus précisément le Salon du Livre tenu à l'esplanade de l'Hôtel de ville de Yaoundé. Depuis, nous sommes restés de bons amis tant dans l’écriture que dans la vie de tous les jours. Pour le second volet de votre question, il convient de dire que ce projet naît dans l'esprit de Stéphane de Mégahshi au Boulevard du 20 mai, en marge de la marche patriotique du 28 février 2015 à Yaoundé. Le projet avait été présenté aux poètes camerounais suivi du lancement d’un appel à poèmes patriotiques sur la question du problème Boko Haram. Il faut souligner que beaucoup de poètes ont adhéré à ce projet, du moins de manière verbale. En termes de contributions, la récolte a été maigre et décevante. Peut-être cela s’explique par les complexes, les égos surdimensionnés des uns et des autres. Vous savez, il y a parmi nous, des poètes qui sont même allés jusqu’à dire que ce projet ne verra pas le jour. Aujourd’hui, ces détracteurs d’hier nous donnent raison d’avoir cru en ce projet. En tout cas, nous sommes fières d’avoir été non seulement les premiers auteurs camerounais, tout genre littéraire confondu, à avoir apporté notre contribution palpable à l’effort de guerre mais aussi d’avoir été les premiers poètes camerounais à introduire dans l’univers poétique camerounais, la poésie dite patriotique. Emile Arsele Nguetcheu : Parlez-nous de ce livre qui nous replonge dans le terrible de cette situation de terrorisme que connait notre pays ; d’ailleurs est-ce pour cela que vous avez écrit Cameroun en vert rouge jaune sur la première de couverture de ce livre ? Ce livre est une contribution de deux poètes patriotes, si vous voulez bien, de deux tisserands de la paix dans cette lutte sans merci contre la secte terroriste Boko Haram. On trouve dans ce recueil, des vers qui tirent à boulet rouge sur l'ennemie, qui encouragent, revigorent nos forces de défenses, célèbres nos héros tombés et aussi qui valorisent l’amour de la nation auprès des jeunes camerounais. Nous avons pensé que le poète ne pouvait pas rester dans l’indifférence face aux atrocités perpétrés par des djihadistes psychotiques rongés par une folle foi et le génie du mal. Cette écriture de combat participe à la lutte pour l’éradication de la barbarie, du terrorisme au Cameroun, en Afrique et dans le monde. Pour le second volet de votre question, il faut dire que c’est notre éditeur qui a décidé d’écrire le Cameroun en vert rouge et jaune. Au plan sémiologique, on peut bien penser que cela s'inscrit dans notre volonté de marteler sur notre attachement à notre patrie et à notre drapeau. Emile Arsele Nguetcheu : Au regard du contenu de votre livre, que répondez-vous à ceux qui pensent que l’art est futile? Écoutez ! Tout d’abord, il faut clairement comprendre les concepts littéraires. Qu’est-ce que l’art ? Pour nous, toute production qui n’est pas issue directement de la nature, mais qui dépend de l’habilité humaine est en un sens de l’art. Dire que l’art est futile, c’est faire croire qu’une œuvre, que ce soit une horloge, un tableau ou un outil serait futile, puisque ce sont aussi des produits de l’art. Pour nous, l’art est agréable par lui-même. Il n’est influencé que par le principe de la beauté. Une beauté adhérente ou une beauté libre suivant les terminologies de Kant. Au regard du contenu de ce recueil qui se veut davantage une œuvre d’art, nous pensons que notre poésie participe de manière engagée à la lutte contre la barbarie terroriste de Boko Haram. La mise en mot de la guerre, l’appel au patriotisme, l’appel à la solidarité ne sont pas de vains mots. Vous convenez avec nous que si tout cela n’est pas pris en compte, on aura du mal à éradiquer le terrorisme. Les soldats sont au front avec les chars, les kalachnikovs etc., les poètes aussi avec les obus de mots, avec les rafales de verbe, bref, avec les mots qui arment les patriotes et qui désarment l’ennemi. Au total, notre œuvre est une belle fusion de deux styles poétiques, un mélange d’esthétique et de pragmatique soigneusement concocté. Emile Arsele Nguetcheu : Vu l’actualité brûlante de ce livre qui brille par son patriotisme, j’imagine que vous avez reçu le soutien du ministère de la culture ou de toute autre institution de notre pays pour la publication de ce livre ?


Écoutez ! Si vous voulez faire quelque chose de grand dans ce pays, commencez tout d'abord par bricoler avec vos propres moyens. Auquel cas, vous risquez ne rien faire. En effet, nous avons déposé les moutures de ce recueil depuis le mois d’Avril 2015 dans plusieurs ministères y compris des institutions internationales comme l’Unesco mais sans aucune suite favorable. Personne n’a voulu nous soutenir s’il faut dire les choses telles qu’elles ont été. Nous allons vous surprendre. Savez vous que le ministre de la culture de l’époque, madame Tutu Muna, avait approuvé notre projet d’édition de ce livre? Dans une correspondance, elle nous avait assuré que l’Etat était fière de nous et que le ministère de la culture allait nous accompagner dans l’édition de cet ouvrage. Elle nous a demandé de chercher un éditeur, de lui ramener une facture pro-forma sur l’ensemble des dépenses qu’allait engranger un tel projet. Ce que nous avons fait. Mais hélas ! Notre joie ne fut que de très courte durée. Après avoir reçu toutes les pièces justificatives qu’il fallait pour débloquer de l’argent, madame le ministre nous a servi une lettre dans laquelle elle nous faisait comprendre que les contraintes budgétaires ne lui permettait plus de nous accompagner dans ce projet. Vraiment ! Ce fut un désappointement général. Mais grâce à nos moyens de subsistances, nous avons pu publier ce livre aux Éditions Lupeppo. Emile Arsele Nguetcheu : Votre mot de fin.

Nous tenons à appeler une fois de plus toutes les forces vives de la nation à soutenir notre armé. Nous voulons dire à tous nos frères de Kolofata, de Kérawa, bref de l’Extrême Nord, de tenir bon, la nation toute entière est avec eux. Nous voulons saluer nos forces de défense et rendre hommage à ceux d’entre eux qui sont tombés dans cette sale guerre, nous pensons fièrement à Elie Ladé. Enfin, nous voulons dire au nouveau ministre de la culture, par ailleurs poète, Monsieur Mouelle Kombi Narcisse que nous sommes prêts à l’accompagner dans toutes les initiatives culturelles qu’il entreprendra, notamment allant dans le sens de la lutte contre le terrorisme.

Interview réalisé par Emile Arsele Nguetcheu

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